Adam à travers le temps, Shawn Levy
Adam à travers le temps (re)pose une vieille question : la fiction doit-elle être toujours originale pour être digne d’intérêt ? En l’occurrence, est-ce que Shawn Levy peut s’en sortir en construisant un film sur le voyage temporel sans chercher aucune idée originale et uniquement en assemblant des morceaux déjà vus ailleurs ? Chaque spectateur aura sa propre réponse, mais si l’on cherche un pur divertissement, cette énième variante reste suffisamment consciente de sa modestie pour être divertissante.
Un pilote revient dans le passé depuis 2050 pour éviter un futur dystopique que l’on ne nous décrit jamais vraiment, mais au fond ce n’est pas le sujet. Adam à travers le temps — quel horrible titre traduit en français, au passage — se concentre sur l’année 2022 où Adam revient par erreur, puisqu’il visait 2018, et tombe sur lui-même, trente ans plus jeune. Même si Shawn Levy cite les problèmes théoriques qu’une telle rencontre peut poser, il ne s’y arrête pas longtemps et préfère jouer sur les interactions particulières qui peuvent naître de cette rencontre extraordinaire, au sens premier du terme. Le duo formé par Ryan Reynolds et Walker Scobell est efficace et le scénario trouve le bon ton pour ces deux personnages identiques, avec trente ans d’écart. Mais il ne faut pas espérer beaucoup plus, toute l’intrigue se construit sur une vision simpliste du voyage temporel et il n’y a aucun véritable enjeu. Tout avance comme sur des roulettes et même les armes et autres vaisseaux venus du futur sont lourdement inspirées par d’autres univers, Star Wars est quasiment cité explicitement.
Bref, voilà un long-métrage qui a conscience de l’originalité limitée de sa proposition et qui préfère en jouer en multipliant les clins d’œil avec les spectateurs. Une fois encore, personne ne dira que Shawn Levy a fait preuve d’une originalité folle, mais il a fait ce qu’il a pu avec le scénario qu’il avait. À condition de pouvoir ne pas lui en tenir rigueur, Adam à travers le temps est le parfait représentant du film aussi vite vu qu’oublié, idéal pour une séance où l’on veut débrancher son cerveau.