Trust, SOHN
SOHN n’a signé que trois albums en douze ans de carrière, mais il n’en a raté aucun. Trust, le petit dernier, est tout aussi convaincant que les deux précédents, sur un rythme encore plus doux et avec une mélancolie encore plus marquée, mais toujours ce sens des mélodies qui m’a toujours plu chez lui. Ces treize nouveaux titres — dont deux transitions, par ailleurs aussi soignées que le reste — forment un ensemble assez court, une quarantaine de minutes, mais qui résiste parfaitement à la répétition des écoutes. Le musicien londonien, qui vit désormais entre l’Autriche et l’Espagne, nous fait également voyager à travers une série d’ambiances différentes, avec des sons électroniques qui côtoient la pop douce, voire de la folk sur l’excellent « Riverbank ». Ce mélange des genres a toujours été la marque de fabrique de SOHN et la recette est ici parfaitement amenée.
Trust n’est pas un album particulièrement joyeux ou énergique, mais son ambiance majoritairement mélancolique ne mène pas à une écoute plombée pour autant. La voix de Christopher Taylor qui donne à SOHN une bonne partie de son identité sonore est aussi très belle et apporte une pointe de lumière, même quand le thème général paraît sombre. À cet égard, sa musique m’évoque celle de Bon Iver et je ne sais pas si je pourrais trouver meilleur compliment. Mon seul regret est peut-être la longueur trop courte et cette fin qui arrive trop vite. Mais quelle fin : « Caravel » termine l’album avec le chanteur seul et un piano, un titre fragile et magnifique. Et un petit peu avant ce final, je craque toujours sur « Segre », qui n’est pas la chanson la plus compliquée du lot, mais qui me touche à chaque répétition de l’album.