Soft Tissue, Tindersticks
J’ai toujours eu un faible pour la musique de Tindersticks, je crois d’abord attiré par la voix profonde et si reconnaissable de Stuart Staples, aussi par la bande sonore qui tire vers le jazz tout en ménageant une belle mélancolie qui ne pouvait que me plaire. Si l’on ne peut pas toujours expliquer une attirance, je sais que j’ai toujours accroché, si bien que je connais par cœur la majorité de la discographie du groupe britannique et je ne rate jamais un de leur album. C’est bien entendu le cas pour Soft Tissue, leur plus récent qui est immédiatement reconnaissable comme un album de Tindersticks, sans répéter une formule à l’identique pour autant. Les huit titres composés par le groupe nous entraînent sur une quarantaine de minutes d’une musique qui prend son temps pour se poser — la plupart des morceaux dépassent les 5 minutes — tout en étant très simple d’accès. C’est peut-être la force de Tindersticks, qui parvient à mélanger des influences variées, de la soul magnifiée par les cuivres de « New World » aux tonalités latines du très joli « Nancy ». On oscille entre des titres lents et tristes (« Falling, the Light ») ou alors tout en délicatesse (« The Secret of Breathing ») à des morceaux plus légers et presque dansants (« Turned My Back »), sans perdre la mélancolie ambiante.
C’est très beau et c’est fait avec une facilité déconcertante tout en maintenant l’unité de l’ensemble. C’est aussi cela qu’apporte plus de trente ans de carrière et à cet égard, Soft Tissue est sans doute une bonne porte d’entrée pour découvrir le groupe. Même s’il n’y a pas grand-chose à jeter dans la discographie, y compris les bandes-originales plus expérimentales composées pour les films de Claire Denis, mais ce quatorzième opus est un bon candidat aussi. Si vous ne connaissiez pas, je vous encourage d’essayer et peut-être que vous tomberez vous aussi sous le charme de Tindersticks.