Resound NYC, Moby
C’est la deuxième fois que Moby revient sur sa carrière avec un orchestre symphonique. Deux ans après Reprise qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, Resound NYC reprend le même concept, à savoir une collection de morceaux réinventés avec un orchestre pour former un album diffusé par la mythique Deutsche Grammophon. L’idée de remplacer les synthétiseurs par les instruments d’un orchestre au grand complet est au fond assez logique, puisque l’instrument numérique peut servir à simuler les sons d’un ensemble de violons, par exemple. Néanmoins, l’artiste américain ne s’est pas contenté de reprendre ses titres enregistrés dans les années 2000 à New-York pour les reproduire à l’identique avec un orchestre, Resound NYC est bien plus original, et donc intéressant, que cela.
Le titre qui ouvre l’album, « In My Heart ft. Gregory Porter (Resound NYC Version) », commence néanmoins comme une relecture amplifiée par l’orchestre au grand complet. Même s’il y a indéniablement des variations par rapport au titre tel qu’il est apparu il y a plus de vingt ans — désolé pour le coup de vieux… — sur 18, on reste sur le même registre général et la boîte à rythme est toujours là. Ce qui m’a laissé un sentiment mitigé à la première écoute, sur le thème « à quoi bon ? ». Par endroits, j’avais du mal à entendre l’orchestre et même si Gregory Porter ajoute une autre dimension, j’avais le sentiment d’écouter une version un peu retravaillée du même morceau. Néanmoins, ce sentiment disparaît au fur et à mesure que l’album avance. Resound NYC déploie toute sa créativité le long de ses 15 morceaux et 1h18. Prenez « South Side feat. Ricky Wilson (Resound NYC Version) » et vous découvrirez une version radicalement différente de l’original sur Play. C’est non seulement différent, mais c’est en plus assez funk et bien éloigné de l’image sage que l’on se fait d’un album symphonique sous l’égide de la Deutsche Grammophon.
Toutes ces reprises ne m’ont pas autant convaincu, mais il y a suffisamment de perles pour recommander Resound NYC. À côté des tubes incontournables, dont le fameux « Extreme Ways » popularisé par Jason Bourne, on retrouve aussi d’autres titres moins connus et une ambiance musicale qui varie constamment. C’est ce qui m’a le plus surpris au bout du compte, l’orchestre n’est pas toujours utilisé et Moby emprunte des chemins différents pour chaque morceau. Il faut dire que l’artiste ne s’est jamais limité à un seul genre et cet album de reprises semble un moyen pour lui d’ouvrir encore davantage son univers. Prenez « Walk With Me ft. Lady Blackbird (Resound NYC Version) » qui termine l’album tout en douceur et en même temps avec une belle intensité. C’est aussi une version très différente de celle proposée à l’origine sur Wait For Me et si l’orchestre se fait plus discret, il est bien là et apporte une chaleur supplémentaire par rapport au synthé. Sans doute une des plus belles reprises de l’album.