« Panopticom », Peter Gabriel
Cela fait maintenant plus de vingt ans que l’on n’a pas eu un « vrai » nouvel album de Peter Gabriel. Plus de vingt ans que Up est sorti et plus de vingt ans que je suis tombé amoureux de l’artiste. En deux décennies, j’ai eu le temps d’apprendre à connaître toute sa carrière jusqu’au bout des ongles, des flamboyantes années Genesis à sa géniale carrière solo en évolution constante. J’ai découvert son perfectionnisme maladif qui contraint tout fan à la patience : il s’était écoulé dix ans entre Us sorti en 1992 et Up qui a débarqué en 2002 et il a vite fallu se rendre à l’évidence, son successeur n’était pas sur le point d’arriver. Les projets secondaires se sont multipliés, des reprises, des compilations, un single, de multiples collaborations à droite à gauche… mais de nouvel album, il n’en était pas question. Les rumeurs s’accumulaient tant que cela commençait à ressembler à une mauvaise blague et je commençais sérieusement à me demander s’il allait sortir un nouvel album de son vivant.
Il semble que mes inquiétudes n’étaient pas fondées et un nouvel album est non seulement annoncé, mais on a une date, certes encore vague. En guise de présentation d’i/o — oui, l’artiste a manifestement un faible pour les noms à deux lettres — un premier titre est diffusé depuis quelques jours : « Panopticom ». En temps normal, je n’aime pas écouter les singles ainsi isolés et je préfère toujours attendre les albums complets. Mais je pouvais bien faire une exception pour Peter Gabriel, surtout après vingt ans d’attente.
Sans aller jusqu’à penser que l’attente en valait la peine, ce premier titre tourne en boucle dans mes oreilles depuis sa sortie et je suis tellement content d’entendre à nouveau la voix de Peter Gabriel sur un tout nouveau morceau qui annonce un tout nouvel album complet ! Il a réuni autour de lui ses fidèles musiciens, dont l’indispensable Tony Levine qui le suit avec sa basse depuis ses premières années en solo. David Rhodes à la guitare électrique, Manu Katché derrière la batterie ainsi que Brian Eno avec ses synthés sont aussi au rendez-vous, sans compter quelques musiciens additionnels. On peut compter sur le chanteur, compositeur et interprète pour imaginer un titre complexe, même s’il tire volontiers vers la pop plus légère. Malgré tout, c’est une musique riche qui se dévoile au fil des écouteurs, marquée par ses ruptures de rythme et ses changements de ton. Ce n’est plus le rock progressif d’antan, mais ces influences sont toujours là et la composition est toujours plus complexe qu’elle n’en a l’air en y prêtant une oreille attentive. Au cœur du dispositif, la voix de Peter Gabriel reste l’instrument central, juste et précise comme toujours et qui complète cet ensemble parfaitement maîtrisé, sans surprise.
C’est vrai que je suis biaisé, je ne pourrais sans doute jamais être déçu par son travail. Quoi qu’il en soit, j’ai plus hâte que jamais d’entendre la suite et j’espère que i/o sera à la hauteur de Up, qui reste un de mes albums préférés de l’artiste, et même tout court. Je croise les doigts pour que son légendaire perfectionnisme ne recule pas la sortie de quelques mois, voire d’un an ou deux…