On Early Music, Francesco Tristano
J’ai découvert Francesco Tristano, non pas pour ses interprétations de Jean-François Bach qui ont lancé sa carrière, mais pour sa participation dans Aufgang, ce réjouissant trio qui entremêlait astucieusement musiques classique et électronique. Il a abandonné ce groupe il y a quelques années et même si j’avais écouté l’un de ses albums en solo, Idiosynkrasia qui mélangeait à nouveau les genres, je ne me suis jamais trop intéressé à sa carrière.
C’est ainsi par hasard que je suis tombé sur son dernier album, On Early Music. Nulle musique électronique ici, il n’y a qu’un piano et Francesco Tristano derrière. On est dans la musique classique la plus traditionnelle qui soit en apparence, d’autant qu’il interprète des pièces du XVIIe siècle, avec des compositeurs anglais et italiens. Pour autant, on retrouve l’intérêt du Luxembourgeois pour les mélanges des genres et des époques. Même si les compositions sont anciennes, cela ne veut pas dire que l’interprétation doit l’être et son jeu a une vivacité et une légèreté qui évoque par moment le jazz. Et quand Francesco Tristano ne se contente plus d’interpréter à sa manière, il compose et peut alors quasiment pasticher la musique baroque ou suivre une voie plus originale et intéressante à mes oreilles.
Pile au milieu de l’album se cache un diptyque qui commence avec « Ritornello ». Son titre semble annoncer un pur morceau de baroque italien et même si on retrouve la structure entêtante d’une ritournelle, l’ambiance n’a rien à voir. On se rapproche des premiers morceaux d’Aufgang, avec cette manière de construire une musique moderne sur des bases qui ont plusieurs siècles. Le morceau suivant, « On Cristobal de Morales Circumdederunt » poursuit cette exploration modernisée et éclaire l’album entier sous un nouveau jour. On Early Music s’inspire bien de musiques anciennes, mais il est loin d’être dépassé pour autant.