Bach minimaliste, La Tempête & Simon-Pierre Bestion

Bach minimaliste, La Tempête & Simon-Pierre Bestion

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Bach minimaliste propose un exercice des plus étonnants : mélanger la musique de Bach avec des compositeurs contemporains et proposer un album cohérent. On débute avec le premier mouvement du ‌Concerto pour clavecin en ré mineur du maître du baroque et on bascule dès le titre suivant sur un autre concerto pour clavecin, mais cette fois composé par Henryk Górecki au XXe siècle. Deux cents ans séparent les deux œuvres et pourtant, Simon-Pierre Bestion parvient avec sa compagnie La Tempête à les enchaîner comme s’ils faisaient partie d’un tout cohérent. Il n’y a même pas de pause entre les deux pièces, l’auditeur passe de l’une à l’autre presque sans le noter, ou plutôt en remarquant un changement d’ambiance — la composition contemporaine est plus sombre —, mais comme si une seule personne avait écrit les deux morceaux.

C’est tout l’objectif de Bach minimaliste, rapprocher le monument de l’histoire de la musique classique avec des compositeurs plus modernes et sans doute moins connus. Se faisant, l’album démontre sur plus d’une heure la modernité de JS Bach, ce qui n’est pas une idée nouvelle bien entendu, mais l’exécution est excellente. Ce qui me frappe le plus après pas loin d’une vingtaine d’écoutes, c’est la cohérence de l’ensemble. Non pas que tout ressemble strictement à de la musique baroque du XVIIIe siècle, mais plutôt que celle-ci se trouve parfaitement à son aise à côté de Shaker Loops, composé en 1978 par John Adams. En utilisant les mêmes instruments anciens pour les deux époques, Simon-Pierre Bestion les fait dialoguer et juxtapose des compositions pas si éloignées, même si le résultat peut sonner différemment. Après tout, la répétition est aussi au cœur du travail de Bach, comme la présence de la ‌Passacaille et fugue en do mineur, qui répète à l’infini le même thème musical en le faisant varier tout du long, le rappelle bien. Arrangé ici pour cordes et clavecin, il s’intègre remarquablement à l’ensemble et l’enchaînement avec Immortal Bach du norvégien Knut Nystedt semble avoir été pensé par JS Bach, alors que cette composition n’a que 35 ans. Ce dialogue permanent entre les époques au sein de la musique que l’on qualifie trop rapidement de « classique » est fascinant et à mon sens parfaitement réussi.

La plus belle preuve, c’est que l’on peut se laisser porter par Bach minimaliste, sans chercher à savoir qui a composé quoi. On écoute alors un album varié et cohérent en même temps, un véritable plaisir à écouter qui prouve bien l’intérêt de la démarche de son concepteur. Une belle réussite.

Informations

Artiste : La tempête & Simon-Pierre Bestion

Année : 2023

Nationalité : France

Genre : Musique classique