Fred Astaire, la haute société du spectacle, Timothée Gérardin
Je connais Fred Astaire de nom, évidemment, mais je ne crois pas avoir vu un seul des films où il a joué et dansé et je n’étais pas particulièrement intéressé par sa carrière. Ce qui ne veut pas dire que j’ai ouvert Fred Astaire, la haute société du spectacle à reculons, au contraire. Comme toujours dans la collection d’essais de Playlist Society, je m’attendais à une synthèse bien documentée de sa carrière, y compris pour les grands débutants comme moi. Et comme c’est le troisième essai de Timothée Gérardin qui passent entre mes mains, après deux excellentes lectures, je n’étais pas trop inquiet sur mon intérêt pour celui-ci. De fait, même s’il ne m’a pas particulièrement donné envie de regarder les œuvres de Fred Astaire, l’auteur a réussi à me faire intéresser à sa carrière et à mieux comprendre ce qu’il a apporté au cinéma.
Plus encore que pour les longs-métrages, dont les récits peuvent être résumés en quelques mots, ce sont les images qui comptent tout particulièrement quand on parle de numéros de danse. D’où l’excellente idée de Timothée Gérardin, qui a collecté des extraits des films diffusés sur YouTube et qui propose des codes QR au début de chaque chapitre ainsi qu’un logo spécifique dans le texte pour y faire référence. Pendant la lecture, garder un smartphone non loin pour scanner ces codes et regarder quelques minutes de Fred Astaire danser permet d’enrichir considérablement l’essai. On comprend alors de quoi il est question et on peut suivre les explications de l’auteur. Par exemple, on réalise mieux les effets de style favorisés par le danseur, qui était aussi le metteur en scène de ces propres séquences. Fred Astaire, la haute société du spectacle explique ainsi que les cadres étaient toujours larges, pour voir tout le corps des danseurs, et en général assez fixes. Les scènes étaient filmées en plan séquence, ce qui imposait un travail de préparation monstrueux, alors même que l’artiste faisait tout pour masquer tout ce travail et présenter la danse comme naturelle et simple.
J’ai beaucoup apprécié ce travail d’analyse transversale, qui repose sur la longue filmographie de Fred Astaire. Les réflexions de l’auteur sur la participation active de son sujet à l’Hollywood moderne, notamment par sa façon de vendre son image, étaient aussi particulièrement intéressantes. En filigrane, c’est aussi le portrait d’un homme perfectionniste probablement assez toxique qui se dessine, avec en particulier une relation très datée avec les femmes. Je dois dire que les extraits vidéo, bien qu’essentiels pour comprendre de quoi on parlait, ne m’ont pas donné envie de creuser davantage, tant ce cinéma semble daté. Fred Astaire, la haute société du spectacle reste quoi qu’il en soit passionnant pour mieux connaître ce pan de l’histoire du cinéma et cet artiste qui a indéniablement marqué son époque.